Cher Papa,
Toi qui a mis de côté le meilleur pour en garder le pire.
Moi qui ne suis qu’une partie de ta vie qui s’efface et se brise peu à peu.
Moi qui ne suis qu’une heure dans ta triste journée qui s’écoule plus vite qu’un battement de cils.
Nous qui ne sommes qu’une partie de ces journées qui s’éternisent lors d’une dispute.
Nous qui ne sommes qu’une partie de cette vie qui défile lors d’une prise de rides.
J’ai dû te voir plus de fois que je n’ai d’amour à ton égard.
Sur les jours qui se sont désormais écoulés, combien de temps t’ai-je vu ?
Sur les jours qu’ils restent à venir, combien de temps te verrai-je ?
Toi qui n’as sûrement pas le bon rôle dans ce jeux, moi qui ne suis qu’un futur pion en échec.
Toi qui chaque jour écris, moi qui chaque jour m’efface.
Désormais sans toi, désormais seul, j’ai donc compris que ce qui s’écrit ne s’efface pas.
Donc j’écris, j’écris à n’en plus penser, à n’en plus aimer, à n’en plus effacer, pour que ce texte ne soit pas qu’un brouillon, pour que ce texte ne soit pas écrit en vain, pour que ce texte ne soit pas qu’une future page tournée de ce livre qu’est la vie.
Lorenzo